C’est l’une des journées à suivre sur cette Grande Boucle, version 2023. Dimanche 09 juillet, la neuvième étape du Tour conduira les coureurs de Saint-Léonard-de-Noblat, fief de Raymond Poulidor, au Puy de Dôme. Un lieu chargé d’histoire, où la course n’est plus passée depuis 35 ans. Présentation de cette étape 9, du parcours au profil, en passant par les favoris.
Parcours de l’étape entre Saint-Léonard-de-Noblat et le Puy de Dôme
Le départ fictif sera donné à 13h30, après des commémorations en l’honneur de ‘Poupou’. Le plus populaire des coureurs français a vécu à Saint-Léonard-de-Noblat une longue partie de sa vie, il y repose désormais.
Le peloton s’élancera pour 182,4 km et 3 309 mètres de dénivelé. Le parcours sera vallonné dans toute sa première partie, il offrira peu de plat. Les baroudeurs auraient pu trouver un terrain de jeu idéal, problème, cette étape n’est pas seulement accidentée. Le final au Puy de Dôme s’apparente à de la haute montagne.
Dans le détail, les 20 premiers kilomètres jusqu’à Peyrat-le-Château seront escarpés. Sur le papier, rien d’inquiétant. Toutefois, le rythme de course élevé (ils seront nombreux à vouloir prendre la bonne échappée) pourrait créer les premières cassures. Les coureurs se hisseront ensuite au plateau de Millevaches, sans que l’ascension ne soit répertoriée. Ils gagneront près de 300 mètres d’altitude en un peu moins de 8 kilomètres. Le sprint intermédiaire sera jugé à l’entrée du plateau, kilomètre 30. Si l’échappée tarde à se dessiner, les purs sprinteurs pourraient ne pas être en mesure de se disputer les points. Ceci pourrait profiter à des coureurs comme Mads Pedersen.
La suite du parcours sera une succession de plateaux, de montées et de descentes. Trois ascensions seront répertoriées, mais toutes ne le seront pas. C’est le cas du col de la Nugère, que le peloton empruntera avant de plonger sur Clermont-Ferrand. Débutera alors la montée finale vers le Puy de Dôme, 13,3 km à 7,7%, qui lui confère le statut de Hors Catégorie. L’arrivée est prévue entre 18h00 et 18h30, selon la moyenne horaire.
Profil de l’étape 9 du Tour 2023
Le profil de la neuvième étape de cette Grande Boucle sera accidenté du kilomètre 0 au kilomètre 169. Les 13 derniers kilomètres, difficiles, font de cette étape une véritable étape de montagne (sommet à 1 415 mètres d’altitude). Les organismes seront touchés, la journée de repos prévue le lendemain fera le plus grand bien.
Ascensions répertoriées
Côte de Felletin – Km 74,8 – 4e Catégorie – 2,1 km à 5,2%
Côte de Pontcharraud – KM 85,7 – 4e Catégorie – 1,9 km à 4,6%
Côte de Pontaumur – KM 126,2 – 3e Catégorie – 3,4 km à 5,3%
Puy de Dôme – KM 182,4 – Hors Catégorie – 13,3 km à 7,7%
À propos de la montée du Puy de Dôme
Le Puy de Dôme se grimpe en trois parties. Les cinq premiers kilomètres affichent une moyenne de 7%. Une fois à la Baraque, le profil s’adoucit : il y a un replat de 3 kilomètres. Les cinq derniers kilomètres sont les plus difficiles. À partir du parking du panoramique des Dômes, la moyenne ne descend jamais en dessous de 11%. De quoi faire des écarts. Notez qu’il n’y aura ni spectacteurs ni suiveurs sur le site d’arrivée, le lieu étant classé.
Les principaux favoris
La même étape, avec une arrivée jugée à Clermont-Ferrand, aurait sans doute souri aux baroudeurs. La montée finale vers le Puy de Dôme rebat les cartes. Qui plus est, il ne s’agit pas de n’importe quelle ascension. Le Puy de Dôme est mythique. Le Tour n’y est plus venu depuis 1988 et l’histoire de l’épreuve s’est souvent écrite sur les pentes du géant auvergnat. Le fait que les cyclos ne puissent plus y accéder donne également à cette montée un caractère spécial.
a/ Les top coureurs
Cette neuvième étape du Tour 2023 fait rêver les leaders – ils seront nombreux à vouloir apposer leur nom aux côtés des Coppi, Gimondi, Ocana et Zoetemelk. Nous sommes en droit de croire que Pogacar et Vingegaard voudront se disputer ce succès de prestige : ils font en tout cas figure d’épouvantail. D’autres favoris du général viseront la victoire. Ils devront toutefois se défaire du duo précédemment cité, en attaquant tôt dans l’ascension ou en comptant sur un marquage. Romain Bardet, le local de l’étape, voudra lui aussi briller.
b/ Les échappées
D’excellents grimpeurs, désintéressés du classement général ou déjà distancés, pourraient se hisser dans l’échappée du jour, et débuter l’ascension du Puy de Dôme avec un coup d’avance. On pense à Thibaut Pinot, Daniel Martinez, Estevan Chaves, Giulio Ciccone ou encore Felix Gall. Neilson Powless pourrait avoir la même idée. Au Pays-Basque, il a montré une santé de fer. Le maillot de meilleur grimpeur est un objectif, mais il vise d’abord une étape. Même si peu de pois seront attribués en dehors de l’ascension finale, nous pourrions le retrouver à l’avant.
Le plus difficile pour l’échappée sera de prendre suffisamment de minutes au peloton, pour aborder les premiers contreforts du Puy de Dôme sereinement. Derrière, malgré un terrain vallonné tout au long de la journée, on peut imaginer la Jumbo et les émiratis rouler pour maintenir un écart.
Le Puy de Dôme, dans la légende du Tour
Il y a eu 14 arrivées d’étape au Puy de Dôme, la première remontant à 1952. En 1964, la victoire de Jimenez sur les hauteurs de Clermont fut éclipsée par le duel mémorable entre Jacques Anquetil et Raymond Poulidor. À la pédale, ‘Poupou’ lâcha son grand rival à la flamme rouge, lui reprenant 42 secondes en à peine un kilomètre. Pas assez pour porter le jaune, puisqu’il ne se replacera qu’à 14 secondes au général, à deux jours de l’arrivée finale. Cruel pour cet éternel deuxième, qui ce jour-là, luttait contre un Anquetil bluffeur.
Autre fait marquant, en 1975, lorsque Merckx fut attaqué physiquement par un spectateur. À cette époque, nombreux étaient les Français anti-Merckx ne supportant plus de voir le Belge tout rafler sur son passage. Dès lors, ils se mirrent à soutenir avec passion le jeune Bernard Thévenet, cycliste prometteur, capable de mettre fin à l’hégémonie de notre champion national. Ce jour-là, Thévenet s’échappa à 5 kilomètres du sommet, en compagnie d’un autre coureur belge : Lucien Van Impe. Le Français ne gagna pas mais distanca le cannibale (il lui reprenda 34 secondes à l’arrivée de l’étape). Plus loin, quand Merckx – vétû de jaune – se présenta à 200 mètres de la ligne, il se mit à se tenir le bas du ventre. Un spectateur venait de lui assoner un coup de poing. Le souffle coupé, Merckx termina l’étape, avant de redescendre sur le lieu de l’agression, à la recherche du fautif en compagnie des forces de l’ordre.