
Pour celles et ceux qui ont suivi les matchs de Christopher Nkunku sous le maillot du Paris SG, le joueur est désormais méconnaissable avec le RB Leipzig. Force est de constater que cette saison, le milieu de terrain a franchi un cap.
Véritable titi parisien, Nkunku a fait toutes ses classes dans le club de la capitale. Toutefois, ses performances chez les pros n’ont jamais été à la hauteur des stars de l’ère qatarie. Sa dernière véritable performance avec Paris ? Son pénalty manqué la saison dernière en finale de Coupe de France, offrant la victoire au Stade Rennais… Après cela, le joueur a bel et bien bénéficié de quelques minutes de jeu en championnat contre le DFCO, mais c’est bien ce terrible pénalty, frappé à la façon d’un rugbyman, dont nous nous souvenons tous.
Cette saison, pour ses débuts en Bundesliga, Nkunku a fait la différence dès le week-end d’ouverture, en marquant lors de la victoire 4-0 de Leipzig face à l’Union Berlin. En transformant un centre de Marcel Sabitzer en but, Nkunku annonçait déjà son envie de bien faire. Six mois plus tard, il dénombre 4 buts et 14 passes décisives en Bundesliga, dont quatre lors du 5-0 infligé à Schalke, où pendant 28 minutes, le joueur a véritablement pris feu.
Il y a peu, Sylvain Ripoll, l’ancien entraineur de Nkunku chez les moins de 21 ans du PSG, déclarait dans le quotidien Ouest France : « Christopher est un jeune pétrit de talent. Il est explosif, dynamique, très adroit techniquement. Il apporte de la vitesse à son équipe. À Paris, il n’avait pas assez de temps de jeu à son goût. Il est donc parti et s’est retrouvé à Leipzig ».
Natif de la région parisienne, Nkunku a rejoint le Paris SG à l’âge de 13 ans et a passé au total neuf années au sein du club. Après avoir fait ses débuts en équipe première en décembre 2015 sous la houlette de Laurant Blanc, il a joué un rôle dans les trois succès du club en Ligue 1, toujours en tant que joueur de seconde main. Lors de sa dernière saison avec Paris, il espérait passer un cap mais finalement, il n’est apparu que 13 fois en championnat. Nkunku est le symbole de la jeunesse parisienne dorée qui peine à s’imposer dans l’équipe première du Paris SG. Tout comme Moussa Diaby, Timothy Weah, Stanley Nsoki et Arthur Zagre, il a donc fait le choix de quitter le club parisien durant l’été.
En décembre, Nkunku prenait la parole dans L’Équipe. Il déclarait alors : « Je pensais que ce serait ma saison mais j’avais tort. J’ai tout fait pour réussir à Paris et maintenant, cela ne sert plus à rien de me poser 10 000 questions pour savoir pourquoi cela ne n’est pas produit. Je n’ai aucune réponse. Chaque été, le club me témoignait sa confiance mais aucune action ne suivait. Peut-être que ce n’était pas le bon moment… ».
Aujourd’hui, Leipzig offre à Nkunku une philosophie de jeu offensive, des installations haut de gamme, de grandes ambitions aussi bien en championnat qu’en Ligue des Champions, tout en gardant un esprit de famille. Qui plus est, la présence de trois français (Dayot Upamecano, Ibrahima Konaté et Nordi Mukiele) a permis à l’ex-parisien de s’intégrer parfaitement à l’équipe.
À son arrivée, Nkunku n’avait pas la certitude d’un fort temps de jeu, notamment en raison de la présence de nombreux jeunes talents dans l’effectif. Mais après un début de saison tonitruant, il s’est révélé être un joueur indispensable. Sa polyvalence est bénéfique et pour seulement 13 millions d’euros, le joueur est capable d’alterner à merveille entre les postes de milieu axial, second attaquant et milieu latéral.
Bien qu’initialement déstabilisé par l’intensité et le caractère physique du jeu allemand, Nkunku est désormais en pleine bourre. En Bundesliga, il dispose aujourd’hui du meilleur ratio de passes-clés, avec en moyenne 2,8 passes par match. Du côté des passes décisives, seuls Thomas Müller (16) et Kevin De Bruyne (16) font mieux que lui parmi les cinq plus grands championnats européens. En charge des coups de coin et des coups francs, Christopher Nkunku est également très à l’aise pour coopérer avec Timo Werner, puisqu’il a offert à l’allemand cinq de ses 21 réalisations en championnat.
Nkunku est heureux et il l’évoque : « C’était le club qu’il me fallait. J’ai redécouvert le plaisir de jouer. Je sens que je m'épanouis sur le terrain, que je suis plus libéré. Plus le temps passe, plus je m’améliore ».
Impressionné par l’intensité des séances d’entrainement menées par Julian Nagelsmann ainsi que par l’attention que porte le club sur tous les détails, Nkunku connait une excellente saison et Nagelsmann sait que le français joue pour beaucoup dans les bons résultats de l’équipe. Malgré les nombreuses occasions et le partage concédé face à Fribourg pour la reprise du championnat le week-end dernier, Leipzig pointe à seulement sept points du Bayern Munich, leader du classement. Pour ce qui est de la Ligue des Champions, le RB Leipzig est qualifié pour les quarts de finale, tout comme le Paris SG, son ancien club.
Pour Nagelsmann, Nkunku est un joueur « polyvalent, qui dispose de réelles qualités pour jouer les 1 vs 1 ». Récemment, voici ce que le coach évoquait à son sujet : « Nkunku correspond parfaitement à notre ADN qui consiste à recruter de jeunes talents avec un énorme potentiel, des joueurs capables de progresser en même temps que le club. Il a faim de succès et nous sommes heureux de l’avoir à nos côtés ».
Membre de l’équipe de France espoirs jusqu’à l’âge de 21 ans, Nkunku n’a jamais été appelé chez les A. En étant le joueur français le plus prolifique en matière de passes décisives parmi les plus grands championnats, il doit forcément attirer l’attention de Didier Deschamps. Les blessures d’Ousmane Dembélé et Moussa Sissoko libèrent de la place pour les milieux offensifs et dans une étude menée par France Football, 54% des français estime que Christopher Nkunku mérite sa chance pour les prochains matchs de l’équipe de France.
Si à l’avenir, Nkunku intègre l’équipe de France, il pourrait pour sa grande première chez les bleus, retrouver le Stade de France, une enceinte maudite depuis son pénalty manqué. Mais heureusement, depuis cette désillusion, sa carrière a radicalement changé, et ce, en une année.