
Nous profitons de cette série pour vous remémorer les cinq plus beaux matchs de Ligue des Champions ces vingt dernières années. À la quatrième place de notre classement, nous évoquions il y a quelques jours le terrible 4-0 infligé par le Real Madrid au Bayern Munich et à la philosophie de jeu de Pep Guardiola. Aujourd’hui, nous revenons sur l’incroyable remontada de Liverpool la saison passée, après le 3-0 concédé en demi-finale aller sur la pelouse du FC Barcelone.
N°3 : Liverpool – FC Barcelone (4 – 0 ; Demi-finale retour 2019)
Par le passé, une victoire 3-0 signifiait quelque chose. Un tel résultat était respecté et semblait même imprenable. Plus maintenant… Depuis la remontada du FC Barcelone contre le Paris SG en 2017 (4-0 pour le Paris SG à l’aller et 6-1 pour le Barça au retour), tout semble désormais possible. Les équipes ayant largement perdu le premier acte la joue de façon décomplexée et dorénavant, chaque saison nous réserve son lot de remontada. Si le Barça a lui aussi subi un retour venu d’ailleurs en 2018 (4-1 en quart de finale aller pour le FC Barcelone et 3-0 pour la Roma au retour), personne n’imaginait les catalans subirent une nouvelle déroute la saison suivante, qui plus est, aux portes de la finale.
Sans avoir encaissé de buts lors de la demi-finale aller au Camp Nou, le Barça s’était mis à l’abris d’un éventuel come-back à la romaine. Un simple goal la semaine suivante à Anfield et la tâche serait beaucoup trop grande pour les Reds. Avec un Leo Messi au sommet de son art et hauteur d’un doublé lors de la première des deux confrontations, tous les voyants du FC Barcelone étaient au vert avant la demi-finale retour. Pour Liverpool, au contraire, le doute planait et les questions étaient nombreuses… Comment faire, non seulement pour marquer au minimum trois buts, mais aussi pour ne pas en encaisser ? Comment faire pour améliorer le jeu de l’équipe en l’absence de Mo Salah et Roberto Firmino, absents pour blessure ?
Finalement, même si Liverpool a su hausser son niveau de jeu, il s’est avéré que celui du FC Barcelone s’est effondré. Et avec un peu de recul, nous aurions pu le voir venir… D’abord parce que Barcelone a souvent connu des difficultés à l’extérieur ces dernières années (4-0 au Parc des Princes, 3-0 au Stadio Olimpico, 1-1 à Stamford Bridge), mais aussi parce que les preuves étaient là, juste sous notre nez. Les attaquants catalans ne pressant plus que de façon intermittente, le milieu de terrain des Blaugranas était impacté et étiré, exacerbant son manque de rythme, rendant l’équipe vulnérable face aux formations qui appuient fort et savent contrer dans la profondeur.
Messi, si influent au match aller, le fut beaucoup moins à Anfield. Luis Suarez, qui avait également marqué à l’aller, ne toucha quant à lui que 31 ballons en 90 minutes de jeu. À n’en pas douter, ce match retour fut l’ultime effondrement du Barça, autrefois excellent sous l’ère Guardiola, entre 2008 et 2012. Les arrivées de Neymar puis Suarez sous la houlette de Luis Enrique, triste témoin du déclin d’une équipe vieillissante, n’avaient pas permis de redynamiser le FC Barcelone, pourtant en quête d’un renouveau.
Bien sûr, nous ne retirons rien à Liverpool et son équipe excellente, implacable et incisive, profitant à merveille de la ferveur d’Anfield et se nourrissant de l’ambiance des grands soirs. Jurgen Klopp, qui a parfaitement su préparer son affaire, s’est même certainement inspiré de l’incroyable retournement de situation des Reds en 2016, lorsque Liverpool éliminait le Borussia Dortmund de la Ligue Europa, en inscrivant trois buts dans les 24 dernières minutes du match.
Pour réaliser une remontada, l’équipe qui chasse se doit de marquer tôt, tout du moins, de mener au score à la pause. Ceci est impératif pour se convaincre qu’un retour est possible et pour semer le doute dans la tête de l’adversaire. En ouvrant le score dès la sixième minute de jeu par l’intermédiaire de Divock Origi, chanceux de voir la frappe de Jordan Henderson lui revenir dans ses pieds, Liverpool frappa fort d’entrée de jeu.
1-0, c’est sûr ce résultat que les deux équipes rejoignirent les vestiaires. Parler d’un score idéal peut paraitre ridicule dans de telles circonstances, car personne chez les Reds n’aurait refuser un but de plus à la mi-temps… Mais pour Liverpool, le score de 1-0 était véritablement parfait, maintenant Barcelone à portée de fusil en seconde période tout en laissant une avance confortable de 2 buts aux Blaugranas, pour ne pas les inciter à trop attaquer. N’oublions pas que le Barça s’était montré menaçant en première mi-temps et si Alisson n’avait pas réalisé trois arrêts importants, les catalans auraient certainement fait trembler les filets… Les conditions à la mi-temps étaient parfaites et lorsque Liverpool lança son assaut en seconde période, le Barça n’a pas eu le temps de comprendre, ni de s’en remettre puis réagir.
S’il y a bien un homme qui a joué un rôle majeur et influencé la décision finale, c’est certainement Trent Alexander-Arnold. Quoi qu’on en dise, il fut un élément clé dans le jeu de profondeur permettant de rendre Barcelone vulnérable. Juste après la 54ème minute, il centra côté droit pour trouver Georginio Wijnaldum, qui ajustait d’une belle frappe le gardien adverse. L’espoir avait fait son retour et deux minutes plus tard, Anfield explosait. De l’autre côté du terrain, Xherdan Shaqiri déposait un centre sur la tête de Wijnaldum, qui en profitait pour réaliser le doublé et assommer dans le même temps le FC Barcelone. Le Barça était alors KO, endolori, peut-être même endormi et c’est probablement pour cela que la défense espagnole n’a pas fait attention à la malice d'Alexander-Arnold, qui délivra sur corner rapide un nouveau but servi sur un plateau pour Origi.
L'impensable était arrivé et Jurgen Klopp confirmait sa place parmi les plus grands entraîneurs, parmi ceux qui parviennent à imposer un style de jeu à une équipe. Le pressing et la fouge intense de Liverpool avait supplanté le jeu de passe, de position et de possession du Barça. C’était alors officiel et définitif, la grande équipe du Barça n’était plus que son ombre. Elle était une équipe vieillissante, trop ancienne pour lutter à telle intensité, dépassée par le progrès.
Le match N°4 de notre classement : Bayern Munich – Real Madrid (Demi-finale retour 2014)
Le match N°5 de notre classement : Barcelone – Manchester United (Finale 2009)