
Depuis le début du 21e siècle, certains matchs de Ligue des Champions ont offert aux (télé)spectateurs des retournements improbables ainsi que des instants épiques. En cette période creuse pour le football, nous avons décidé de vous remémorer les cinq plus belles rencontres de Ligue des Champions. Pour débuter ce Top 5, revenons sur la finale 2008/2009 entre le FC Barcelone de Pep Guardiola et Manchester United emmené par l’infatigable Sir Alex Ferguson.
Battu par Everton en demi-finale de la FA Cup quelques semaines avant la finale de la Ligue des Champions, les mancuniens savaient déjà qu’ils ne pourraient pas réitérer le triplé Championnat / Coupe / Ligue des Champions de 1999. En revanche, pour sa première saison complète sur le banc du Barça, Pep Guardiola était toujours en course pour le premier triplé historique du club.
N°5 : FC Barcelone – Manchester United (2 – 0 ; Finale 2009)
Lorsque nous regardons un match de football, nous n’arrivons que très rarement à savoir si nous sommes témoin de l’histoire, si le match en question entrera ou non dans la postérité. Il faut généralement plusieurs années pour se rendre compte qu’à ce moment-là, nous avions vécu quelque chose de grand, très grand. Tout le monde savait que le Barça de Guardiola était une merveilleuse équipe mais personne ne réalisait à quel point il était bon de la voir jouer.
Pep Guardiola avait été un choix controversé pour remplacer Frank Rijkaard l’été précédent. Pourtant, il était imprégné par l’identité du jeu catalan, ayant évolué plus de 10 ans au Barça en tant que joueur et exercé une année en tant qu’entraineur de l’équipe réserve.
Après deux matchs de championnat, le FC Barcelone ne totalisait qu’un seul point au classement et l'inquiétude régnait… Mais ce qui suivi, fut de l’ordre de l’extraordinaire ! Et grâce à cette finale à Rome, nous avons tous commencé à le comprendre.
Avant l’ultime affrontement contre Manchester United au Stadio Olimpico, le Barça était déjà en possession du Championnat et de la Coupe du Roi. Mais tout le monde n’avait pas encore entièrement réalisé le véritable niveau de cette équipe. Il est vrai que les Blaugranas avaient eu de la chance en demi-finale de la Ligue des Champions contre Chelsea. Après une prestation poussive au Camp Nou, Barcelone avait eu les faveurs de l’arbitrage à Stamford Bridge. Malgré l’expulsion d’Eric Abidal côté barcelonais, plusieurs situations litigieuses auraient dû offrir un pénalty aux londoniens. Et finalement, grâce à une frappe venue d’ailleurs dans les toutes dernières secondes du match, c’est Andres Iniesta qui envoyait les siens en finale.
Dans l’autre demi-finale, Manchester United éliminait Arsenal mais perdait Darren Fletcher, expulsé à quinze minutes du terme de la rencontre. Mais ce manque n’était rien, comparé aux absences auxquelles le FC Barcelone devait faire face. Abidal et Dani Alves suspendus, Rafael Marquez blessé, Guardiola alignait pour la finale une défense inédite, composée de Carles Puyol en arrière droit, Gerard Piqué et Yaya Touré en défense centrale.
Avant le coup d'envoi de cette finale, Guardiola avait composé un montage vidéo, mettant en scène ses joueurs façon "Gladiator". Ceci peut sembler mielleux pour des professionnels d’un tel niveau mais selon les dires des joueurs, ce fut un moment particulièrement émouvant, peut-être même, trop émouvant… En effet, l’entame de match des barcelonais était timorée et Manchester United dominait les 10 premières minutes de la rencontre. Ronaldo demandait à Víctor Valdés un arrêt chaotique, après un coup-franc frappé fort, plongeant juste devant lui. Les spécialistes s’attendaient à une domination physique de United et les premières minutes semblaient leur donner raison.
Toutefois, les catalans respectaient le plan de Pep Guardiola. Comme prévu, Samuel Eto’o et Lionel Messi interchangeaient les positions pour que l’argentin opère comme un « faux neuf » et que le camerounais occupe le couloir droit. Peu de temps après, Iniesta transperçait la défense anglaise, pour servir sur la droite Samuel Eto’o, qui d’un crochet éliminait Nemanja Vidic, avant d’ajuster Edwin van der Sar d’un puissant coup de canon.
Selon Alex Ferguson, l’avant-match de Manchester United fut médiocre, en raison notamment d’un hôtel calamiteux, mal sélectionné. Mais par ces mots, sans doute oubliait-il le génie et la supériorité de Barcelone. Messi et les siens pressaient tel un essaim d’abeilles lorsqu’ils n’étaient pas en possession du ballon et à la récupération, ils sevraient United de ballon. Les mancuniens ne pouvaient rien faire, si ce n’est suivre en retard l’ombre du ballon et des joueurs espagnols. Pour Ferguson, si United avait joué comme lors de la demi-finale disputée entre les deux équipes la saison précédente, Manchester aurait pu gagner ! Mais en cette finale de 2009, jamais les mancuniens n’auront réussi à reproduire cette défense empêchant l’adversaire de s’installer durablement.
Sir Alex Ferguson fustigera même Carlos Tevez et Ronaldo d’avoir été hypnotisé par le jeu de passe du Barça, en les qualifiant de « spectateurs », avant d’admettre d’avoir été battu par une grande équipe. A l’issue du match, Michael Carrick évoquera quant à lui une situation particulièrement étrange, où la possession de Manchester United n’a pas dépassé les 40%… Il ressentit comme une humiliation et c’est sans doute pour cela que Manchester United abandonna son plan et sa discipline défensive. United faisait face à un nouveau style de jeu, où la technique et la possession du ballon jouaient des rôles majeurs.
Ferguson ayant besoin de modifier quelque chose, il faisait alors appel à Dimitar Berbatov pour remplacer Park Ji-Sung peu après l’heure de jeu. En vain, puisque cela ne faisait que confirmer la domination de Barcelone au milieu de terrain. Quelques minutes plus tard, Patrice Evra était dépossédé du ballon, Xavi centrait pour Messi et le petit argentin marquait le but du 2 – 0, de la tête s’il vous plait.
Alfredo Relaño écrira ensuite dans AS qu’en cette soirée, « Barcelone a démontré que la perfection existait et qu’il n’existe aucun antidote pour contrer ce football exquis ».
Le Barça était sans doute encore meilleur lorsqu’il remportera la finale de Wembley en 2011, toujours contre United, mais c’est en ce 27 mai 2009 que le jeu du Barça a véritablement éclaté aux yeux de tous.