Pour le dernier épisode de cette série en cinq actes, nous mettons à l’honneur l’équipe de Liverpool dirigée par Rafa Benitez, le meilleur coach défensif sous l’ère moderne, et le Milan AC de Carlo Ancelotti, dont la défense était composée du quatuor Paolo Maldini – Jaap Stam – Alessandro Nesta – Cafu. Personne ne pouvait s’attendre à une finale aussi fructueuse et à un tel thriller.
N°1 : Milan AC – Liverpool (3 – 3, 2 – 3 après la séance de tirs au but ; Finale 2005)
Aucune autre finale ne peut venir concurrencer celle-ci. Tout y était : le retournement de situation improbable, le drame d’un côté, le scenario extraordinaire de l’autre, des larmes de joies, des pleurs… Pourtant, le stade olympique Atatürk ne laissait pas présager un tel spectacle. Construit au milieu de nulle part en périphérie d’Istanbul, avec une piste d’athlétisme éloignant les supporters du terrain, le choix de ce stade loin d’être mythique demandait aux supporters anglais et italiens un déplacement couteux et lointain. Ce n’était peut-être pas le théâtre des rêves mais qu’à cela ne tienne, les 22 acteurs avaient choisi de nous offrir un spectacle époustouflant.
Liverpool, cinquième à l’issue de la saison de Premier League, était en progrès. Avant cette finale, les Reds avaient enchainé de très bonnes performances défensives. De son côté, Milan venait tout juste de terminer second du calcio, derrière la Juve qui plus tard, sera dépossédé de son titre. Alors que les Rossoneri avaient brillamment disposés de United et de l’Inter en huitième puis en quart, la qualification avait été plus tendue en demi-finale contre le PSV. Quoi qu’il en soit, Hernan Crespo, Andriy Shevchenko, Kaka et consorts étaient déterminés à ajouter une nouvelle étoile sur le maillot milanais.
À la grande surprise générale, Rafa Benitez ne privilégia pas son traditionnel 4-5-1 pour la finale, préférant un 4-4-2 avec Harry Kewell en soutient de Milan Baros, censé contrer la présence d’Andrea Pirlo positionné juste devant la défense du Milan AC. Ce choix tactique sera un véritable désastre… Liverpool venait de passer 297 minutes sans encaisser de buts en Ligue des Champions et après seulement 50 secondes de jeu, Paolo Maldini ouvrait le score sur un service de l’inévitable Pirlo.
Dominant outrageusement le milieu de terrain, Milan contrôlait parfaitement son affaire. À la 23ème minute, Kewell se blessa et Benitez aurait pu changer de cap. Il ne le fit pas et envoya sur la terrain Vladimir Smicer pour conserver le même plan de jeu. Milan garda les commandes de la rencontre et après un but de Shevchenko refusé à tort pour position de hors-jeu, le 2-0 arrivait à la 39ème minute par l’intermédiaire de Crespo. Sur le banc, Benitez prenait alors quelques notes, dans le but de passer à trois défenseurs et posséder un joueur supplémentaire au milieu de terrain. Malheureusement, Liverpool concéda un nouveau but de Crespo, juste avant que le technicien espagnol ne puisse donner ses nouvelles consignes durant la pause.
Selon les dires de plusieurs protagonistes, la mi-temps de 15 minutes fut plutôt chaotique dans le vestiaire des Reds. Benitez décida d’abord de retirer Djimi Traoré mais puisque Steve Finnan s’avéra blessé, le coach modifia sa formation à maintes reprises. À tel point que parfois, la composition des Reds comprenait 10 ou 12 joueurs… Il trouva finalement ses 11 hommes, avec la présence de Dietmar Hamann juste derrière le milieu de terrain.
Malgré les changements effectués à la mi-temps, le revirement de situation ne fut pas immédiat. Milan continua de se créer des occasions franches et Sami Hyppia aurait dû se faire expulser pour une faute en tant que dernier défenseur sur Kaka. Manuel Mejuto Gonzalez, l’arbitre de cette finale, aurait-il eu un peu de compassion pour une équipe de Liverpool déjà menée 3-0 ? Probablement. Derrière, le coup franc remarquablement tiré par Shevchenko aurait pu permettre à Milan de mener 4-0 si Dudek n’avait pas effectué un arrêt de grande classe.
Et puis, le moment de gloire de Liverpool, le fameux « miracle d’Istanbul », est survenu. Sur un centre de Riise, Steven Gerrard réduisit le score à la 54ème minute d’un coup de tête particulièrement précis. Six minutes plus tard, les Reds revenaient à trois partout, avec un but de Smicer et un pénalty en deux temps de Xabi Alonso. La situation était invraisemblable et le destin semblait alors en faveur de Liverpool.
Si le Milan venait de prendre un coup au moral, il était encore loin d’être abattu. Par la suite, les hommes d’Ancelotti multiplièrent les occasions sans toutefois trouver le chemin du but. Pour contrer les montées de Serginho, entré en jeu à la 86ème, Gerrard dû se repositionner sur l’aile droite. Et en prolongations, c’est Dudek qui sauva Liverpool, en stoppant une double frappe de Shevchenko de façon miraculeuse !
Dudek, ce héros improbable, ce personnage timide non-prédestiné à porter l’attention sur lui, ce joueur n’intimidant que trop peu ses adversaires, venait de prendre définitivement l’avantage sur Shevchenko et les autres attaquants milanais, et ce, juste avant le début de la séance de tirs au but. Si la frappe de Serginho s’envola dans les tribunes, Dudek stoppa les frappes de Pirlo et Shevchenko, offrant la victoire finale à Liverpool, qui paraissait largement battu une heure plus tôt.
Tous les observateurs étaient abasourdis, comme s’ils ne réalisaient pas ce qui venait de se passer.
Qui aurait pu croire à un tel scénario ? Durant cette finale imprévisible, nous sommes tous passés par des émotions bien différentes. Gerrard déclarera même qu’il y avait durant ce match, des forces incompréhensibles. Même dans le football professionnel où tout est analysé, où des millions d’euros sont déversés pour s’attacher les meilleurs joueurs, où la tactique est primordiale, le football est parfois une affaire de non-sens, de coup du destin.
C’était le match le plus extraordinaire du siècle et comme par hasard, il s’est déroulé un jour de finale !
Le match N°2 de notre classement : Barcelone – Inter (Demi-finale retour 2010)
Le match N°3 de notre classement : Liverpool – Barcelone (Demi-finale retour 2010)
Le match N°4 de notre classement : Bayern Munich – Real Madrid (Demi-finale retour 2014)
Le match N°5 de notre classement : Barcelone – Manchester United (Finale 2009)