Dans cette série, nous revenons sur les plus grands matchs de Ligue des Champions disputés au cours de ce siècle. Jusqu’à présent, Pep Guardiola était au centre des discussions. Nous l’évoquions directement dans le numéro 5 puis le numéro 4 et indirectement dans notre numéro 3. Une fois n’est pas coutume, il figure dans ce nouvel épisode mais cette fois-ci, notre portons notre attention sur son adversaire : le special one Jose Mourinho.
N°2 : FC Barcelone – Inter Milan (1 – 0 ; Demi-finale retour 2010)
Pep Guardiola et José Mourinho ont deux visions totalement différentes du football. D’un côté, le jeu de possession particulièrement alléchant, de l’autre le réalisme pur. La rencontre qui met le plus en évidence ces disparités est sans doute la demi-finale 2010, opposant le FC Barcelone à l’Inter Milan. Un affrontement épique qui comme beaucoup le pressentait, fut sulfureux, dramatique et sous haute tension.
Après la victoire du Barça en finale de Ligue des champions la saison précédente, les Blaugranas étaient les grandissimes favoris de l’édition 2010. Messi, Xavi, Iniesta et les autres avaient une nouvelle fois dominé la scène nationale et se présentaient pour un doublé en Coupe d’Europe, ce que personne n’avait réalisé depuis le Grand Milan au début des années 90.
Mais peu avant la demi-finale aller, le volcan islandais Eyjafjallajokull éclata, empêchant les vols aériens au sein l’Europe. En raison de ce cas de force majeure, le FC Barcelone du se rendre en Italie en bus. Il est vrai que le Barça avait pris l’habitude de ne plus gagner à l’extérieur en Ligue des Champions et que lors du premier match, l’Inter produisit une performance disciplinée. Est-ce que sans cet incident, la donne aurait changée ? Est-ce que l’équipe de Mourinho aurait tout de même remporté le premier acte 3-1 ? Difficile à dire… Le voyage long de 16 heures n’a certainement pas aidé les catalans mais quoi qu’il en soit, l’Inter mérite largement sa victoire même si Dani Alves aurait pu obtenir un pénalty.
Zlatan Ibrahimovic, qui ne s'est jamais véritablement adapté au jeu du Barça, était particulièrement frustré du résultat. Sentant que Guardiola avait un complexe face à Mourinho et déçu de ne pas jouer le week-end suivant contre Villarreal, Zlatan s’emporta dans le vestiaire, insultant Guardiola, frappant le matériel de l’équipe. Abasourdi, le technicien espagnol restait stoïque. N’adressant aucun mot, il ramassa « comme un petit chien » ce qu’Ibra venait de faire voler… La rupture était prononcée et plus jamais ces deux hommes ne pourraient travailler ensemble.
À l’approche du match retour, José Mourinho profitait des événements pour remuer le couteau dans la plaie. « Nous sommes habitués » disait-il. « Nous avons l’habitude de voir les barcelonais plonger ». Ce message visait à intimider l’arbitre belge Frank De Bleeckere, pour lui rappeler que derrière la beauté du football produit par le Barça, se cachait de la ruse, de l’hypocrisie et de la sournoiserie. Peut-être avait-il raison…
Mourinho pensait reconduire la même équipe qu’au match aller mais pour des raisons mystérieuses, Goran Pandev se blessa peu avant le coup d’envoi. Il fut remplacé sur le côté gauche du milieu de terrain par l’arrière Cristian Chivu et comme attendu, ce côté fut impénétrable. Les milanais absorbaient toutes les offensives catalanes quand soudain, Thiago Motta fut expulsé à la 27ème minute. Déjà averti par un carton jaune, Motta, en voulant protéger le ballon, posa sa main sur le visage de Sergio Busquets. Bien que la faute méritait un nouveau jaune et donc l’expulsion, Sergio Busquets jouait alors la comédie et monsieur De Bleeckere l’expulsait directement. Mourinho avait donc raison, la roublardise et le vice barcelonais était écœurant à voir. Sur le banc de touche, le technicien portugais s’amusait de cette décision avec un sourire qui en disait long sur son opinion.
Toutefois, cette décision galvanisait l’Inter, si bien que Samuel Eto’o se sacrifiait en tant que latéral, pendant que Diego Milito se donnait à fond en tant que milieu de terrain. L’engagement était total. Milan ne détenait que 19% de la possession mais sans jamais rechigner, les italiens empêchaient le Barça de se procurer des occasions.
À six minutes de la fin du match, Piqué, replacé en attaque pour mettre toutes les chances du côté du FC Barcelone, ouvrait enfin le score. Un second but et le Barça aurait alors été qualifié grâce au but à l’extérieur inscrit par Pedro. Dans la foulée, Bojan balayait la lucarne de Julio César mais le but était refusé à cause d’une main au départ de l’action commise par Yaya Touré. Était-ce délibéré ? Pouvait-il retirer sa main alors même que Walter Samuel dégageait en force sur lui ? Un débat sans fin venait de débuter…
Au coup de sifflet final, le Barça l’emportait 1-0 mais c’est bien l’Inter de Mourinho qui se qualifiait pour la finale. Ravi, José Mourinho déclarait : « c’est une question de sang, pas de qualité. Lorsqu’il s’agit de tout laisser sur un terrain, on ne vient pas avec les qualités, on y laisse le sang. Nous avons une équipe héroïque, nous transpirons le sang ».
Alors que les nerrazurri fêtaient la qualification sur le terrain, le FC Barcelone qui n’avait toujours pas digéré l’élimination, lançait l’arrosage automatique sur la pelouse. Mes que un club? Peut-être même un peu plus, oui ! L’acte était mesquin et servait parfaitement les propos de Mourinho. Mais mieux que cela, il venait de démontrer qu’avec du courage, de la hargne et un peu de chance, il pouvait contrecarrer le jeu de Guardiola et du Barça.
En finale, les italiens venaient à bout du Bayern de Louis van Gaal, ancien entraineur de Barcelone. En quelques semaines, Mourinho était parvenu à renverser Guardiola. Il allait ensuite rejoindre le Real Madrid et la rivalité entre les deux hommes allait entrer dans une nouvelle dimension.
Le match N°3 de notre classement : Liverpool – Barcelone (Demi-finale retour 2010)
Le match N°4 de notre classement : Bayern Munich – Real Madrid (Demi-finale retour 2014)
Le match N°5 de notre classement : Barcelone – Manchester United (Finale 2009)